Don Giovanni

2008 09 Don Giovanni (0)
2008 09 Don Giovanni (8)
2008 09 Don Giovanni (29)
2008 09 Don Giovanni (50)
previous arrow
next arrow

Accéder au diaporama / Accéder aux vidéosGénérique Don Giovanni

 

Amateurs et jeunes professionnels réunis en septembre 2008 pour cette version « de chambre » de Don Giovanni, nous avons apprécié combien Mozart et son librettiste Da Ponte nous parlent avec toujours autant d’actualité et de plaisir.

Tout en l’adaptant à la modestie de nos moyens musicaux et scéniques, nous avons gardé l’essentiel de l’œuvre, en la centrant sur la dynamique de l’action et de l’émotion. La mise en scène assume l’intimité entre chanteurs et spectateurs, avec une grande lisibilité, pour partager ce texte, chanté en italien, même avec ceux qui l’ont découvert à cette occasion.

Le public, qui mêlait ceux qui n’avaient jamais « été à l’opéra » et spécialistes de celui-ci, nous a soutenu et touché par son écoute amicale, attentive à la vérité de chacun d’entre nous et à la rencontre de celle que Mozart a su créer.

Repères sur l’œuvre :

Créé en 1787, Don Giovanni – Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni – s’inscrit dans la lignée d’un grand nombre d’œuvres inspirées par ce personnage : Tirso de Molina (1620), Molière (1665) ou Goldoni (1736), suivis de bien d’autres, en ont fait un véritable mythe depuis 400 ans.

Il faut s’éloigner vite du stéréotype du « Don Juan » collectionneur de conquêtes féminines. L’opéra se prête à toute sorte d’interprétations : sociopolitiques (rapports de classe, maître et valet…), psychanalytiques (principe de plaisir et principe de réalité, meurtre du père…), philosophiques (individualisme et règles sociales…), etc.

A l’origine la pièce illustrait l’impie qui ne respecte rien et son inévitable punition divine. Mozart et Da Ponte vont bien au-delà. Leur personnage fascine plus qu’il ne choque, par son refus des contraintes sociales entraves aux désirs, par son goût pour la consommation dans l’instant, son égocentrisme indifférent aux autres : anticipation de l’homme d’aujourd’hui et de ses paradoxes ! Retenons que l’opéra est une course vers la mort et Don Giovanni d’abord un être en mouvement, qui échoue dans ses entreprises séductrices et réagit aux circonstances plus qu’il n’est maître du jeu.

Musicalement, le rôle-titre crée la dynamique, mais c’est à ses protagonistes que Mozart fait vivre toute sa palette de sentiments, d’humour et d’émotions. Bouleversante et tragique Anna, douloureuse et amoureuse Elvira, sensible et humain Ottavio, émouvant et drôle Leporello, charmante et tendre Zerlina, malheureux Masetto… et le très grave Commandeur, incarnation vocale du terrible accord d’ouverture, clouant tout spectateur sur son fauteuil !

Si la transgression renouvelée scène après scène ne nous choque plus comme à l’époque, on reste sensible aux multiples facettes d’une intrigue où se succèdent violence et comique, blasphème et volupté, drame et sensualité, tissés d’une écriture musicale riche de sens et de ses propres messages, bien identifiés par les spécialistes, inconscients mais perceptibles pour tous.